« L’Artiste et l’œuvre » compose une collection de films, réalisés par Christian Lajoumard, consacrée au travail d’artistes, pour la plupart africains, au quotidien. »
La création est un mystère et le but de ces films n’est pas de le percer mais de donner à voir, en quelques minutes, la concrétisation d’un processus qui a mis des années à se révéler. Nous sommes dans l’atelier de l’artiste, son lieu d’expression qui est aussi, bien souvent en Afrique, son univers familier, et nous sommes conviés à la création d’une de ses œuvres.
Avec la discrétion de l’invité qui ne veut pas déranger, mais qui est avide de suivre les diverses étapes de la réalisation du projet, nous allons découvrir la toile vierge se couvrir de traits et de couleurs, la sculpture prendre forme, les courbes du pinceau découper l’espace, les mains sans cesse composer et rendre tangible un imaginaire.
À la vision du film rien ne viendra perturber le sentiment d’être au cœur de l’univers de l’artiste. La liberté est le maître mot de cette collection. Liberté d’apprécier, de vivre la création et surtout de suivre, en invité privilégié, le travail d’un artiste à l’œuvre…
Né au Bénin, Rafiy Okefolahan, vit et travaille entre Porto Novo et Paris. Son art s’exprime essentiellement au travers de la peinture et en utilisant divers matériaux : huile, pigments, charbon… Il s’adonne aussi, parfois, à la photographie et à la réalisation d’installations. Sa peinture se caractérise par l’utilisation de couleurs primaires et la densité de la matière qu’il organise sur la toile. Il peut être rangé dans l’abstraction figurative et l’influence de la culture béninoise traditionnelle est visible dans sa création.
Figure majeure des arts plastiques en Afrique. Ludovic Fadaïro est l’un des premiers artistes du continent à s’être affranchis des techniques conventionnelles apprises dans les écoles d’art. Son œuvre est tout entière tournée vers sa culture et la richesse de l’univers dans lequel il évolue depuis des décennies. Il a longtemps travaillé en Côte d’Ivoire et au Mali mais ne s’est jamais départi de ses profondes racines béninoises. Tous les matériaux et techniques se retrouvent dans sa création foisonnante et bouleversante. Ses œuvres sont des passages ouverts entre les mondes présents et passés, au travers desquels le temps s’écoule imperturbablement.
Nathanaël Vodouhè vit et travaille à Cotonou, au Bénin. Autodidacte, il s’est formé au travers des rencontres avec les anciens de la scène artistique africaine. Il a progressivement, au fil de ses expériences, trouvé une voie qu’il creuse par le biais de différents médiums. Un des principaux est la sculpture sur bois, qui lui permets de réaliser des œuvres magistrales à partir de troncs d’arbres préalablement brûlés et qui deviennent les totems d’un monde où beau et laid, vie et mort, spirituel et matériel sont intimement liés.
Olga Yameogo est une artiste peintre autodidacte. Elle a étudié l’art thérapie et oeuvré dans le domaine social tout en créant une oeuvre profonde et originale dans laquelle elle explore l’humain, notamment au travers des flux migratoires qui bousculent notre histoire contemporaine. Elle tisse les fils de sa double identité franco-burkinabé sur des toiles aux couleurs vives qui fondent les visages troublants de ses portraits dans de grands aplats.
Né en Côte d’Ivoire, Gopal Dagnogo a étudié les arts en France. Son monde est une description en creux de la tragédie humaine. Il crée une oeuvre hybride dans laquelle une humanité déboussolée s’accroche aux oripeaux de la société de consommation pour ne pas perdre pieds. La puissance de son trait donne à son oeuvre une puissance esthétique qui permet de ne pas s’abîmer dans la douleur de son propos.
Clay Apenouvon vit et travaille entre Lomé et Paris. Au fil des années il s’est approprié un matériau “pauvre“, le film plastique noir dont il est devenu un maître incontesté. Dans ses installations ou dans des oeuvres de proportions plus modestes, il creuse avec constance la veine douloureuse de la disparition humaine dans la noirceur des mers. Chez lui le noir est lumière, la fibre de plastique vibre et éclaire les abîmes qui engloutissent des corps perdus. Mais qui ne seront pas oubliés !
Fally Sene Sow est un artiste plasticien sénégalais qui vit et travaille à Dakar et plus précisément dans le quartier de Colobane. Il puise ses sources d’inspiration dans cet univers populaire où se trouve un des plus grands et anciens marchés d’Afrique. Ses créations multiples comprennent des installations gigantesques qui réorganisent le foisonnement de la ville, des peintures et aussi ces fameux sous-verres, mode d’expression qu’il s’est réapproprié et qui retranscrivent le monde en ébullition de Colobane.
Artiste à l’œuvre protéiforme, aussi à l’aise dans la peinture que dans la sculpture ou la conception d’installations monumentales, Soly Cissé est incontestablement un des grands maîtres de l’art actuel issu du continent africain. Sa puissance de travail et la variété de ses moyens d’expression lui ont ouvert les portes des plus grandes foires internationales.
Ndoye Douts est un peintre sénégalais. Décédé en 2023, Il vivait et travaillait dans la médina de Dakar, un quartier populaire où il trouvait l’inspiration de ses grandes toiles colorées qui décrivent un univers urbain ludique et fou.
Ousmane Dia est un artiste sénégalais reconnu sur la scène internationale, installé en Suisse depuis une vingtaine d’années. Il reste très présent dans sa ville d’origine Tambacounda où il séjourne et crée régulièrement. Que ce soit au travers de sculptures métalliques monumentales ou de calligraphies pleines de légèreté et de grâce, il a développé le motif de la chaise qui est devenu sa marque de fabrique et sa signature. Exposé dans le monde entier, il est un porte-parole dynamique et généreux de la création africaine.
Bruce Clarke est plasticien. Son œuvre traite de l’histoire contemporaine, de son écriture et de sa transmission. Sa recherche plastique intègre les codes pour mieux les retourner contre les appareils de pouvoir et d’injustice. Ses œuvres sont exposées en Europe, en Afrique et aux États-Unis.
Famakan Magassa fait partie de la nouvelle génération des artistes plasticiens maliens. Ce tout jeune peintre est devenu en très peu de temps une valeur sûre de la scène artistique internationale. Ses toiles, éclatantes de lumière, témoignent d’une originalité et d’une maîtrise surprenante pour celui qui commence seulement à être exposé en dehors de son pays d’origine. Les institutions, galeries et collectionneurs, en Europe comme aux Etats-Unis, lui ouvrent grand leurs portes.
Ibrahim Ballo est un artiste malien qui vit et travaille à Bamako. Il a développé une technique originale qui consiste, après un travail préliminaire de peinture, à broder sur la toile. Au fil des heures et des jours les laines multicolores soulignent les couleurs précédemment posées. Les points et lignes, rouges, vertes ou noires donnent relief et perspectives à un univers où l’artiste développe les problématiques de son quotidien et de sa sensibilité.
Ibrahim Bemba Kébé, artiste pluridisciplinaire, vit et travaille à Bamako. Ce jeune créateur est, entre autres, un sculpteur aux oeuvres d’une grande force émotionnelle. A partir de débris métalliques et de sacs plastiques, il réalise des bouffons modernes aux oripeaux improbables. Fétiches de notre temps ces sculptures emportent notre imaginaire et bouleversent nos perceptions.
Hyacinthe Ouattara est un artiste plasticien burkinabé qui vit et travaille en région parisienne, tout en revenant régulièrement dans son pays pour y puiser de nouvelles sources d’inspiration. Son oeuvre, organique et colorée, s’exprime au travers de toiles qui nous immergent dans un univers multicellulaire et dans des sculptures, à base de tissages, à l’intense puissance charnelle. Il est exposé dans le monde entier et est une valeur montante de la dynamique scène artistique africaine.
Dessinateur au style expressif et acéré, il expérimente l’abstraction tout en se donnant la liberté du geste et du mouvement. Ses œuvres s’inspirent de la société qui l’entoure. La rue, l’humain, la vie quotidienne lui offrent un panel infini de sujets. « Construire, déconstruire, reconstruire sont des actions que j’expérimente souvent dans une recherche formelle échappant à la logique ».
Avant de s’orienter vers les arts plastiques, sa vocation était de devenir médecin, puis critique. L’écriture ne l’a jamais quitté et il n’a cessé de parsemer son œuvre picturale de phrases, de fragments et de lettres. Fusionnant sur la toile couleurs et graphies, il crée des œuvres où la fluidité du trait s’allie à une brillante palette de couleurs. Ici tout est suggéré, murmuré dans une brume d’intranquillité.
De son activité originelle de soudeur il a acquis des bases techniques qui l’ont progressivement amené à la création. Il crée à partir de récupération de ferrailles qu’il mélange avec des pièces d’art traditionnel africain pour composer des sculptures d’une grande force onirique.
Artiste plasticien autodidacte depuis une quinzaine d’années au Burkina-Faso, il est fasciné par les matières issues de la récupération. Boîtes de conserve, canettes, sacs plastiques et tongs usés sont entre autres les objets auxquels il redonne vie ! Madi suit son chemin de recherche artistique autour des différentes matières tirées de ces objets délaissés, en les transformant, et en leur donnant un nouveau visage.
« Guerrier » est un personnage atypique dans le monde de la création contemporaine africaine. Ce pur autodidacte a eu mille vies au travers de nombreux pays avant de se révéler artiste. Il travaille sur une technique d’impression, le batik, qu’il a totalement modernisé en développant l’abstraction servie par des couleurs flamboyantes.
Après des études à l’École des beaux-arts d’Abidjan, puis à celle de Pietrasanta en Italie, il est devenu maître du procédé dit de « la cire perdue ». Ses sculptures en bronze longilignes ou massives s’inspirent de la mythologie du Burkina-Faso. Il a participé à de nombreuses expositions en Afrique et en Europe et est représenté dans les plus grandes collections d’art contemporain.
Evelyne Postic est une artiste singulière qui vit et travaille à Lyon. Autodidacte, elle dessine des mondes imaginaires qui éclatent les codes de représentation classiques. Les chimères de son bestiaire fantastique permettent de plonger dans une fantasmagorie brûlante, d’une absolue originalité.
Bachir Hadji, né à Constantine en Algérie, est un artiste pluridisciplinaire qui vit et travaille à Lyon. Auteur de sculptures monumentales et de délicates pièces magnifiquement ciselées, il est exposé dans le monde entier et ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections. Il nous livre dans ce film une démonstration de la finesse et de la puissance de son geste.
Née en Arménie, diplômée de l’Académie des Beaux-Arts de Erevan, Saré vit et travaille en France depuis le début des années 90. Son art, qui s’exprime au travers de la peinture à l’huile et de la gravure, évoque une humanité baroque et ludique. Ses personnages, humains, animaux ou “mélangés“ nous entraînent dans une joyeuse farandole où l’humour est omniprésent. À la vision de ces créatures, qu’elles soient en couleur ou noir sur blanc, on se prend à rêver d’une humanité où le sérieux aurait délaissé les esprits pour ne laisser place qu’à une éternité de jeux.